A lire en écoutant : Passer ma route, Maxime Le Forestier
C'est malade à quelle vitesse la routine balaie tout. T'es encore dans l'élan de ton voyage mais à peine arrivé tu la sens derrière, elle te fauche en plein sprint d'une cuillère vicieuse et tu te retrouves la face en plein dedans. Bus 55, boulot, IPA, dodo. Café - bagel, attache ta tuque et ça recommence. C'est bizarre. Tu fais le voyage des millions de fois dans ta tête pendant des mois avant le départ, et une fois rentré, tu te demandes si t'as pas tout rêvé, justement. Est-ce qu'on a vraiment descendu des bouteilles de vin en se gavant du coucher de soleil de Santa-Monica ? C'était réel cette éclipse de lune pendant qu'on traversait le Yellowstone ? Possible de parcourir l'Arizona avec un clou bien installé dans notre pneu arrière ? Cette combinaison orage - double arc-en-ciel en plein Monument Valley, hallucination collective, non ? Et merde, Laurent, t'as conduit le camion sur le Golden Gate pour de vrai ?
C'est quand même bon d'être à Montréal, chez moi. Il y a certes moins d'aventures dans mon quotidien, mais aussi pas mal d'avantages :
- je me douche tous les jours
- je ne suis plus la cible de basses attaques sur le blog de Laurent
- le risque de perdre tous mes vêtements en une seule fois est considérablement réduit
- je ne change plus d'adresse tous les jours, c'est à votre tour de m'envoyer des cartes postales
- je tiens debout dans mon logement
- je suis plus à l'aise avec mon bilan carbone
J'avais débuté ce blog un soir de novembre 2011, mon PC calé sur les genoux, avachi dans un canapé chez mes parents à Saint-Jean-de-Touslas. Avec en tête d'aller vider une bière à L.A. J'ai failli mourir sur un volcan néo-zélandais et une autoroute pennsylvanienne, je suis passé pas loin de rester bloquer en France, j'ai fait un petit détour par Rodez et le Cap Nord, mais des années plus tard, pianotant installé sur ma chaise Ikea et le bureau qui va avec, je peux écrire que c'est fait depuis Montréal. Ce blog n'a plus de raison d'être, il va tranquillement finir sa vie comme une vulgaire page Skyrock, petit à petit abandonné de tous.
Il restera quelques jeux de mots foireux, des fautes d'orthographe distillées depuis quatre continents et beaucoup de plaisir grâce à vos quelques retours. Et une grosse envie d'aller enfin admirer une aurore boréale avant que Valéry nous quitte définitivement.
Mais ils disent en patois que c’est asteure qu’il faut le faire,
Qu’on ne sera pas jeune deux fois,
Pis qu’la vie d’adulte, ça frappe dans tes airs, ton horaire,
pis qu’ça glisse entre les doigts.