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25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 01:53
Chauffard away from L.A.

A lire en écoutant : Tomorrow is another day, Helen Shapiro

Il y avait la nuit où j'ai démonté un road train en Australie. Il y aura désormais la matinée où j'ai pulvérisé un van de six mètres en Pennsylvanie. Si la première activité m'avait demandé quelques heures de labeur, je me suis acquitté de la seconde tâche en moins de deux secondes.

Gonflés d'enthousiasme et baignés par le soleil, en ce mercredi 10 juin, Marc et moi nous dirigions tranquillement vers le pays Amish. C'était juste parfait. Puis, sur l'autoroute 81, en direction du sud, parcourant nos premiers mètres en Pennsylvanie, l'équation fatale : pneu qui éclate à 100 km/h, coups de volant hasardeux, talus, fin de partie.

Comme chaque jour, notre véhicule avait démarré au quart de tour au moment du départ. Il a fini en trois quarts de tour dans le décor. Même pas le temps d'avoir peur, et on était couché sur le côté gauche du camion, perpendiculaire à la route. Chacun s'assure que l'autre est en pleine forme, puis on s'extirpe de ce qui est devenu une épave. Soulagés. « Tout allait bien jusqu'à ce que tu décides de tondre la pelouse », lâche ce petit marrant de Marco, constatant la belle ornière que j'ai laissée en souvenir de mon passage dans cet Etat déjà maudit.

Bien sûr, je pourrais écrire des tartines sur cet événement. Mais ce ne serait pas juste. Il volerait la vedette aux 10 jours qui ont précédé, passés à admirer la Nouvelle-Angleterre. C'était une grosse tuile, mais nous l'avons laissée derrière nous, rebondissant au plus vite en achetant un autre van. Je profite actuellement du confort de sa banquette arrière, en écrivant ces lignes, sur une route du Wisconsin. Avant d'en finir avec cette acrobatie, un gros merci à tous ceux qui nous ont envoyé leurs ondes positives et leurs encouragements, et les amis à Montréal pour leur réconfort pendant la semaine de réorganisation du trip. Pour citer à nouveau ce grand penseur qu'est Marc, ce n'était finalement qu'un « arrêt au stand ».

Chauffard away from L.A.

Avant le drame, je me préparais à écrire mon premier article du voyage sur le mode : c'est fou comme tout va bien. Aucun accroc n'avait émaillé notre passage sur la terre des premiers colons américains. Tout nous réussissait. Pas le moindre type bizarre sorti d'un roman de Stephen King a tenté de nous découper dans le Maine, notre après-midi au stade mythique des Red Sox de Boston (c'était assez comique d'essayer de se renseigner sur les règles du baseball sur Wikipedia pendant la partie) s'est soldé par une victoire de l'équipe locale après une incroyable remontée, la pluie nous a épargnés à Nantucket, cette île un peu hors du temps au large de Cape Cod où les baleiniers abondaient au XIXe siècle. Pas de panne, pas de démêlés avec les forces de l'ordre malgré nos habitudes de vagabonds, à savoir dormir un peu n'importe où dans le van. Un bonheur. On s'est même cultivé tout au long de notre escapade, avec notamment un saut à Bretton Woods, petite cité coincée dans les montagne du New Hampshire (l'Etat avec la plus belle des punch line : « Live free or die ») où quelques types importants ont décidé de l'avenir économique du monde à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Saviez-vous également que la sœur de JFK, dont la famille vient de la région, a été lobotomisée sur ordre de son père, qui ne la jugeait pas au niveau de ses autres enfants ? C'est aussi ça, le road trip. Apprendre. C'est ce qu'on va faire dans les cinq mois à venir, quoiqu'il arrive.

Stay hard, stay hungry, stay alive.

Bruce Springsteen, This hard land

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